- SONDE (PETITES ÎLES DE LA)
- SONDE (PETITES ÎLES DE LA)SONDE PETITES ÎLES DE LA (Nusa Tenggara)À l’est de Bali, le chapelet d’îles qui s’étend jusqu’à Timor (compris) a reçu le nom de «petites îles de la Sonde». Il constitue deux provinces indonésiennes, Nusa Tenggara Barat (Ouest) et Nusa Tenggara Timur (Est), auxquelles il faut rattacher la partie orientale de Timor (Timor Timur, ou Timor oriental), annexée par l’Indonésie lorsque les Portugais lui donnèrent l’indépendance.Le caractère dominant de ces petites îles montagneuses est une sécheresse assez accentuée. Timor ne reçoit que 1 436 mm de précipitations (à Kupang) en quatre-vingt-neuf jours de pluie seulement; encore faut-il tenir compte de ce que l’île est, tout à fait exceptionnellement en Indonésie, frappée par les typhons, ce qui fausse la moyenne pluviométrique, du fait des énormes précipitations qui accompagnent chaque typhon; Larantuka (est de Florès) ne reçoit que 1 176 mm de pluie, l’île de Lomblen 800 mm et Waingapu, à Sumba, 716 mm en cinquante-six jours! Par ailleurs, ces îles sont un pont entre le monde asiatique et le monde austral: l’eucalyptus est spontané à partir de Florès orientale et les langues papoues apparaissent à Alor et Timor. Les populations sont d’ailleurs d’une extrême diversité.Mais les îles appartiennent à deux zones tectoniques différentes: les îles du Nord, Lombok, Sumbawa, Florès, Alor, appartiennent à l’arc insulaire interne, miopliocène, couronné de volcans actuels; les îles du Sud, Sumba et Timor, appartiennent à l’arc insulaire externe, oligomiocène avec nappes de charriage sans volcanisme actuel mais toujours en voie de soulèvement, épicentre privilégié des séismes qui ravagent l’ensemble des Nusa Tenggara. Dans l’arc interne, les plus beaux appareils volcaniques sont le Gunung Rinjani (3 726 m), dominant la caldeira du Segera Anak à Lombok, et le Kelimutu (1 690 m) avec ses trois lacs de cratères, bleu, noir et rouge, à Florès.Sur 20 177 kilomètres carrés, Nusa Tenggara Barat comptait 3 369 649 habitants et Nusa Tenggara Timur, sur 47 876 kilomètres carrés, 3 268 644 habitants lors du recensement de 1990. Cette différence considérable de densité, plus du double pour Nusa Tenggara Barat, est due exclusivement à l’île la plus occidentale, Lombok. Celle-ci est très peuplée, de 360 habitants au kilomètre carré, un peu moins que Bali. Comme Bali, Lombok est dissymétrique, le Rinjani étant au nord et les grands versants se déroulant vers le sud, jusqu’à un karst. Comme Bali, Lombok présente le magnifique spectacle de rizières étagées soigneusement irriguées, avec canaux souterrains, aqueducs de bambous, cependant que des champs (tegalan ) s’étendent sur les hauteurs et sur les calcaires. Les habitants (Sassak) parlent une langue très voisine de celle des Balinais et sont eux aussi des «Deutéro-Malais» ayant subi l’influence de la grande culture indienne; mais, contrairement aux Balinais, ils sont musulmans. La ville principale de l’île, capitale du Nusa Tenggara Barat, porte le nom du plus ancien royaume javanais: Mataram.Les autres îles principales ont des densités de population assez semblables, entre 40 et 80 habitants au kilomètre carré, et en grande majorité proto-malaises, n’ayant pas subi l’influence culturelle de l’Inde.Les rizières, du fait en partie d’un relief très montagneux et de ressources en eau limitées, se font rares, cédant la place aux brûlis (ladang ). Le maïs est la culture principale avec le riz cultivé à sec ou paddigogo , le sorgho et le haricot. Cette prédominance du maïs pose un passionnant problème: le maïs a nécessairement succédé ici (au XVIe ou XVIIe s.?) à d’autres cultures; il semble que ce soit aux tubercules, igname et taro, typiques de la civilisation mélanésienne.Sumbawa, de silhouette extraordinaire, est presque entièrement montagneuse, les plus hauts sommets se trouvant au nord (Gunung Tambora, 2 851 m) mais sans qu’il y ait une pente générale vers le sud, assez élevé; à l’exception des plus hauts sommets, les pluies sont inférieures à 1 700 mm, à 1 500 mm à l’extrême est, avec une saison sèche très marquée. Les Sumbawa, à l’ouest, sont de langue proche du balinais et du sassak, cependant que, à l’est, les habitants parlent bimanais du sous-groupe Bima-Sumba.Sumba, qui appartient à l’arc externe, sans volcanisme, peu élevée (1 225 m) mais entièrement montagneuse et très sèche, est nettement moins peuplée (32 hab./km2 env.). Florès, mince et très allongée, de structure très compliquée, en partie constituée de calcaires coralliens, présente cependant la plus grande densité de volcans actifs de toute l’Indonésie. L’île ne présente pas la dissymétrie nord-sud habituelle mais une très rigoureuse dissymétrie climatique entre un Ouest très humide (Ruteng reçoit 3 352 mm) et un Est sec (Larantuka reçoit 1 176 mm). À l’ouest, les Manganais (du sous-groupe Bima-Sumba) ont encore les «longues maisons» typiques des Proto-Malais matrilocaux; à l’est dominent les Krusch, dont la langue est du groupe Amboine-Timor, à très fortes influences mélanésiennes; le type anthropologique, très sombre, est incontestablement à dominante papoue. Manganais et Krusch ainsi que Ngad’asch et Lionesch sont, en grande partie, convertis au catholicisme; l’influence des missions catholiques est ici prépondérante.Timor atteint près de 3 000 mètres d’altitude (2 960 m au mont Tata Mailau, dans la partie est de l’île — Timor Timur — autrefois portugaise). Les plaines sont peu étendues: plaines côtières plus développées et plus larges sur la côte sud que sur la côte nord. Les paysages montagneux sont assez étonnants: au milieu de formes molles, mais ravinées, surgissent des pitons calcaires (Fatu ) dominant souvent des plateaux qui, à 500 mètres d’altitude, sont des récifs coralliens surélevés, témoignages à la fois d’une orogenèse miocène violente et compliquée (nappes de charriage) et d’un soulèvement extrêmement récent accompagné de failles. Les Fatu (ainsi Fatu Iman, 1 774 m) sont des calcaires anciens charriés sur les flyschs tertiaires, et mis en relief, en position synclinale, par l’érosion différentielle. Les plaines sont relativement sèches; toutefois les montagnes sont fortement arrosées par des averses très violentes et des typhons, causes de ravinements dans les flyschs tendres, de coulées de boue et de glissements de terrain. La végétation naturelle était, sans doute, une forêt claire; elle a cédé la place à des savanes boisées (eucalyptus, acacias). La densité moyenne est de 92 habitants au kilomètre carré; elle est plus élevée sur la côte sud, pourtant impaludée (Anopheles farauti ), qui est en état de surpeuplement. Timor fut autrefois célèbre pour la production de bois de santal. Les hommes pratiquent la culture sur brûlis avec plantes mélangées et prépondérance du maïs; ils élèvent buffles, porcs, chèvres et surtout chevaux.Les habitants, Proto-Malais du groupe Amboine-Timor, avec maints apports mélanésiens, sont divisés en nombreuses tribus: on distingue six principaux groupes ethniques dans la partie occidentale, trente-deux langues, notamment trois ou quatre langues papoues dans la partie orientale, ex-portugaise, où les métissages avec les Portugais ont été nombreux; on y voit apparaître la maison mélanésienne circulaire sur pilier central. La partie orientale de l’île est en état de guérilla permanent depuis l’invasion indonésienne de 1975.Les petites îles de la Sonde n’ont qu’une activité économique très réduite.
Encyclopédie Universelle. 2012.